Incubateurs, pépinières et coworking : des frontières qui s’estompent pour les entrepreneurs d’Annemasse et d’ailleurs

Travailler Entrelacs
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9 juin 2025

Définitions : coworking, incubateur, pépinière – clarifions les concepts

Avant d’aller plus loin, quelques repères utiles :

  • Coworking : espace de travail partagé, ouvert à divers profils (freelances, télétravailleurs, équipes projet), avec services (wifi, salles, café, parfois accompagnement, etc.).
  • Incubateur : structure qui accompagne la création d’entreprise innovante (souvent sur appel à projets ou sélection exigeante), propose un hébergement, du mentorat, un accès à des réseaux.
  • Pépinière d’entreprises : hébergement d’entreprises jeunes (et parfois moins innovantes), accompagnement à la stabilisation, loyers progressifs, services mutualisés.

Dans les faits, ces modèles se recoupent de plus en plus.

Des espaces de coworking… qui ne disent pas toujours leur nom

Un rapide tour en Haute-Savoie et autour du Grand Genève confirme la tendance : beaucoup d’incubateurs ou de pépinières sont passés d’une logique d’accueil « boîtes fermées » à des espaces plus ouverts, inspirés du coworking, tant dans la conception architecturale que dans l’offre de services.

  • La pépinière InnoVales à Bonneville (Haute-Savoie) accueille une quinzaine d’entreprises, mais propose aussi des postes nomades – comme un coworking – pour des indépendants ou porteurs de projet locaux.
  • L’incubateur Annecy Base Camp (Annecy) évolue autour de la mobilité et des sports de montagne : bien qu’incubateur « classique », il anime des espaces événementiels, propose du hot-desk, ouvre ponctuellement ses portes à des étudiants ou freelances du territoire.
  • La Pépinière d’Annemasse Agglo, avenue Émile Zola, offre depuis 2021 plusieurs formules souples de résidents temporaires, qui viennent tester leur activité ou simplement « travailler autrement ».

Cette évolution n’est pas propre à la région. En France, selon une note de l’APCE, près de 60% des pépinières proposent aujourd’hui une offre de location flexible, à la journée ou au poste partagé (BPI France Création). Ce phénomène traduit une hybridation de plus en plus nette entre modèles.

Pourquoi cette hybridation ? Les raisons derrière l’ouverture au coworking

Plusieurs facteurs expliquent ce glissement progressif :

  1. L’évolution des besoins des entrepreneurs : L’entrepreneuriat se diversifie. Tous les porteurs de projet ne souhaitent pas louer un bureau fixe ni entrer dans un parcours d’incubation de long terme. Beaucoup cherchent flexibilité, échanges, mutualisation, mais sans forcément viser la prochaine levée de fonds. Cette demande pousse les structures à multiplier les formules hybrides.
  2. Un besoin d’animer le lieu au quotidien : Les incubateurs peinent parfois à remplir « à flux tendu » leurs surfaces si l’accompagnement reste limité à quelques startups. Le coworking permet d’accroître le taux d’occupation – donc la viabilité économique – tout en stimulant la vie du lieu.
  3. L’ancrage territorial : Ouvrir – même ponctuellement – une pépinière à du coworking favorise la rencontre entre acteurs « incubés » et freelancers, associations, salariés en télétravail… L’effet fertilisant de ces croisements n’est plus à démontrer.
  4. L’exemple international : Dans les écosystèmes dynamiques (Berlin, Barcelone, Genève…), la frontière entre coworking, incubateur et espace d’innovation est très fine. Les échanges avec la Suisse voisine (FONGIT à Genève, Impact Hub à Lausanne, etc.) nourrissent ces évolutions côté français.

Quels services proposent les incubateurs-pépinières ouverts au coworking ?

Si toutes ne vont pas jusqu’au modèle du coworking « pur », beaucoup d’incubateurs et de pépinières adaptent néanmoins leur offre :

  • Postes de travail nomades et bureaux partagés (accès ponctuel ou via abonnement temps partiel)
  • Salles de réunion, téléphone-box, espaces conviviaux
  • Cuisine ou cafeteria partagée
  • Animations ouvertes (conférences, ateliers, petit-déjeuners réseau) à destination de l’ensemble des usagers
  • Accès aux expertises, mentoring, parfois même appels à projets spécifiques ouverts aux coworkers externes
  • Tarifs adaptés : location à la demi-journée, « tickets » d’entrée pour profiter d’une journée découverte
  • Accompagnement allégé ou à la carte pour les coworkers, sur les aspects création, évolution ou recherche de financement

Le rapport 2023 de la Fédération nationale des pépinières d’entreprises indique ainsi que plus de 78% des pépinières françaises proposent aujourd’hui cette mixité d’usages (source : FNPE).

Pour quels profils cette hybridation est-elle pertinente ?

  • Startuppeurs en phase d’exploration : un pied dans le sponsoring, l’autre dans la veille marché, ils trouvent dans ces lieux une ouverture sur d’autres secteurs et la possibilité d’élargir leur équipe temporairement.
  • Freelances aguerris : souvent en quête de nouvelles synergies sans obligatoirement chercher un accompagnement « incubateur », ils apprécient l’ambiance studieuse, la diversité de profils, le calendrier d’animation.
  • TPE en croissance : pouvoir louer un bureau flexible, quitte à opter pour un accompagnement progressif ou rejoindre un réseau déterminé, offre de la souplesse pour faire grandir l’entreprise au gré de ses besoins.
  • Télétravailleurs périphériques : davantage depuis la crise covid, nombre de salariés cherchent des alternatives professionnelles à domicile… si l’espace coworking est complet, la pépinière ou l’incubateur devient une réponse locale et qualitative.
  • Associations locales : nombreuses dans la région, certaines associations trouvent dans ces espaces hybrides le moyen de créer des événements, de croiser entreprises et acteurs publics.

Les bénéfices d’un coworking intégré à un incubateur ou une pépinière

  • Un environnement stimulant : la présence de jeunes pousses (et de l’équipe d’accompagnement) favorise la circulation des idées et l’ouverture à la nouveauté ; un bénéfice cité par 63% des coworkers dans le dernier baromètre COWORKHIT (2023).
  • Un accès facilité à des réseaux : la proximité avec les porteurs de projets incubés donne accès, sans surcoût, à un écosystème dense (financeurs, institutionnels, autres startuppeurs).
  • Des services professionnels : gestion du courrier, équipements de visioconférence, appui juridique… des atouts rarement proposés par le coworking indépendant classique.
  • Un ancrage local fort : beaucoup d’incubateurs ou pépinières sont financés par les collectivités, en lien avec la dynamique du territoire (ex : StatioNord à Cluses ou La Turbine à Annecy). La visibilité locale est accrue dès l’entrée sur les lieux.
  • Des tarifs attractifs : le soutien public permet de maintenir des tarifs souvent plus bas que dans des centres de coworking commerciaux.

Quelques limites : quand le coworking n’est pas la vocation première

  • Moins de spontanéité dans l’entrée : certains incubateurs sélectionnent (même pour le coworking) sur dossier, ou limitent l’accès à certains secteurs d’activité.
  • Des horaires éventuellement plus restreints : nombre d’incubateurs restent fermés le soir ou le week-end, contrairement à certains espaces de coworking « grand public ».
  • Des codes parfois plus institutionnels: la culture du « faire entreprise » prévaut, moins propice à certains usages plus alternatifs du coworking (artistes, étudiants, collectifs…).
  • Un accompagnement pas toujours sollicité : les coworkers autonomes peuvent moins se retrouver dans les animations ou rendez-vous centrés sur la création d’entreprise.

Toutefois, bon nombre d’acteurs locaux tâchent d’assouplir ces limites, avec des forfaits « coworking pur », des partenariats universitaires, ou des appels à projet élargis.

Repères locaux : où tester le coworking dans une pépinière ou un incubateur autour d’Annemasse ou Genève ?

  • Pépinière d’entreprises d’Annemasse Agglo : espaces ouverts à la demi-journée, ateliers collectifs, événements mensuels. Accueil d’associations locales.
  • InnoVales à Bonneville : coworking flexible, accès aux experts du réseau Entreprendre Haute-Savoie, « midis connect » tous les jeudis.
  • La Turbine à Annecy : espaces ouverts lors d’événements, mais possibilité de « tickets » journaliers pour expérimenter.
  • BIC Innov’up à Chambéry : l’une des plus anciennes pépinières françaises (1987), elle propose une offre coworking couplée à un réseau de mentors régionaux.
  • Impact Hub Genève : plateforme hybride à la croisée du coworking et de l’accélération d’entreprises sociales ; 4 niveaux d’abonnement, réseautage transfrontalier.

Certaines coordonnées sont mises à jour sur la page experiences-coworking.fr/haute-savoie ou les sites de collectivités. Il est recommandé d’appeler avant de se présenter, certains dispositifs étant réservés à des secteurs cibles ou sur candidature.

À quoi s’attendre demain ? Vers davantage de porosité et de services mutualisés

Plus les usages évoluent – digitalisation accélérée, multi-activité, dynamique de réseaux – plus l’avenir semble aller à la fusion des modèles. Depuis 2020, le secteur de l’accompagnement à la création d’entreprise affiche une croissance soutenue : +30% de créations en France entre 2019 et 2023 selon l’INSEE, et jusqu’à 37% de nouveaux entrepreneurs déclarent avoir fréquenté un espace coworking intégré à un incubateur ou une pépinière au moins ponctuellement (données France Active, 2023).

Les collectivités, soucieuses de développer leur attractivité territoriale et de résorber les friches de bureaux, multiplient les « tiers-lieux » hybrides. Ces espaces entre coworking, fablab, pépinière et incubateur, s’implantent au cœur des agglomérations comme en zone périurbaine, accueillant toutes les phases du projet professionnel, et recréant cette vitalité propre aux grands campus de la Silicon Valley… mais à la sauce locale. À Annemasse, on observe ainsi une montée en puissance d’initiatives mutualisées (accueil d’artisans, de télétravailleurs du Genevois, d’associations d’économie sociale, etc.), souvent avec le soutien d’acteurs publics (région, agglomération, pôles de compétitivité).

Les incubateurs et pépinières d’entreprises ne sont donc plus réservés aux seuls innovateurs « dans la bulle ». Ils s’ouvrent – davantage chaque année – à tous ceux qui cherchent à travailler autrement : jeunes créateurs, freelances, salariés en bifurcation, collectifs associatifs, etc. Un mouvement à suivre, pour façonner durablement la vie économique de la région.

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