Coworking en open space ou bureaux partagés ? Comprendre les nouveaux espaces de travail dans la région

Travailler Entrelacs
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1 juillet 2025

La mutation des espaces de travail : comprendre les enjeux locaux

Entre la Suisse et la Haute-Savoie, la région d’Annemasse connaît une croissance rapide des espaces de travail collaboratifs. Selon le rapport France Tiers-Lieux 2023, le nombre d’espaces de coworking a connu une hausse de 36 % en deux ans dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, portée par les besoins des travailleurs transfrontaliers et des indépendants, mais aussi des TPE-PME locales.

Face à cette dynamique, choisir le bon espace n’est pas toujours simple. Les termes “coworking en open space” et “bureaux partagés” se mélangent souvent dans le langage courant, mais leurs réalités — notamment en matière d’expérience utilisateur, de confidentialité, de communautarisme et de services — sont différentes. Comprendre ce qui distingue un open space de bureaux partagés est clé pour trouver un lieu adapté à ses besoins professionnels et à son rythme, surtout dans un territoire frontalier où les mobilités et les profils sont variés.

Définitions : un point de départ pour ne pas se tromper

  • Coworking en open space : Un lieu où les postes de travail sont alignés dans un même espace ouvert, généralement accessibles sans réservation fixée à l’avance (“flex desks”). On y paie à la journée, à la semaine ou au mois.
  • Bureaux partagés : Attention à la nuance : ici, il s’agit d’un espace regroupant plusieurs bureaux indépendants, fermés ou semi-fermés, souvent occupés par différents utilisateurs ou équipes, loués à la journée, au mois ou à l'année.

Si les deux modèles visent à mutualiser les coûts et à encourager les synergies, leur gestion quotidienne, leur ambiance et leur impact sur la manière de travailler diffèrent fortement.

Ambiance et dynamique communautaire : ouverture ou intimité ?

Derrière le choix d’un espace, il y a souvent un besoin d’appartenance à une communauté, ou au contraire, la recherche d’une bulle de confidentialité.

  • En open space : Le coworking joue la carte de l’ouverture. Ici, discussions informelles, rencontres impromptues à la machine à café, et échanges de bons plans sont facilités. À Annemasse, des lieux comme Sauvez le Coq ou Le Tetris incarnent cet esprit. Les profils se croisent — free-lances, télétravailleurs, jeunes entrepreneurs — et la surface partagée (souvent entre 80 et 300 m²) multiplie les opportunités de contacts.
  • En bureaux partagés : L’ambiance y est plus feutrée ; ici, ce sont les petites équipes, parfois des structures de 2 à 10 personnes, qui partagent un plateau, mais chacune garde ses murs (souvent vitrés, parfois cloisonnés). Les interactions existent, mais restent souvent plus ciblées ou programmées (ex : réunions de corridor, pauses-déjeuner communes).

Ce choix n’est pas anodin : la part de travailleurs souhaitant un espace “privatif” en coworking atteint 47 % selon CoworkIntel (2023), avec une préférence marquée chez les professions réglementées (avocats, consultants RH, architectes) et les start-ups ayant besoin de confidentialité sur leurs projets.

Confidentialité et gestion du bruit : des expériences radicalement différentes

À Annemasse comme ailleurs, la question du “niveau sonore” revient dans tous les retours d’expérience. En open space, le bruit ambiant peut s’avérer stimulant… ou handicapant.

  • Open space : Les chercheurs du CNRS montrent que la performance chute de 15 à 20 % en cas de bruit parasite durable pour des tâches demandant de la concentration (source : Le Monde, 2022). Les opérateurs locaux investissent dans des cabines insonorisées et des zones de silence, mais il faut composer avec cette réalité.
  • Bureaux partagés : Même si l’espace est partagé, chaque bureau fermé offre une barrière physique au bruit et permet des appels confidentiels ou des réunions d’équipe sans déranger — ni être dérangé. Cette organisation séduit de plus en plus de structures, notamment parmi les consultants, les agences de communication et les indépendants nécessitant des points réguliers avec leurs clients.

Un chiffre-clé : selon Nexity Solutions, 62 % des utilisateurs ayant testé les deux types d’espaces considèrent la dimension “calme/confidentialité” comme principale motivation à opter pour un bureau partagé.

Flexibilité et coût : des modèles économiques distincts

L’open space : la souplesse à la carte

  • Flexibilité : Ici, on paie le plus souvent à l’usage — à l’heure, à la journée, ou via des formules d’abonnement mensuel dégressif. Certains espaces proposent un accès 24/24 ou des tickets “entrée libre”, très appréciés des transfrontaliers ayant des agendas irréguliers.
  • Coût : En 2024, le tarif moyen pour un poste en open space à Annemasse fluctue entre 15 et 25 € la journée, 130 à 280 € HT le mois (source : enquête Travailler Entrelacs, juin 2024). Un argument fort pour les free-lances ou jeunes entrepreneurs.

Le bureau partagé : engagement et sérénité

  • Flexibilité : L’engagement est plus long ; les locations se font sur plusieurs mois, parfois un an. Le contrat peut être un simple contrat de prestation de services (rarement un bail commercial classique, ce qui séduit les jeunes sociétés).
  • Coût : Un bureau fermé partagé à Annemasse coûte entre 400 et 750 € HT par mois pour 1 à 3 personnes, selon l’adresse, la vue (le fameux “sur le Mont-Blanc”), les services inclus (garage vélo, domiciliation, salles de réunions, etc.)

Ce différentiel s’explique par la surface privative, mais aussi par le niveau de services. Certains opérateurs proposent du ménage quotidien, l’accès à des douches (pour ceux qui viennent à vélo ou après un trail matinal le long du Foron), ou des animations réseautage, incluses ou en option.

Quels usages pour quels profils ?

Qui privilégie l’open space ?

  • Travailleurs nomades (consultants, formateurs, employés “à distance”).
  • Jeunes entrepreneurs cherchant à élargir leur réseau local et international.
  • Télétravailleurs frontaliers dont l’employeur est basé à Genève ou Lausanne.
  • Personnes appréciant la variété des profils et des rencontres.

À qui profitent les bureaux partagés ?

  • Petites équipes structurées (startups, studios créatifs, agences avec 2-8 salariés).
  • Professions réglementées ou entreprises ayant besoin de confidentialité juridique ou commerciale.
  • Associations ou structures d’aide à l’emploi cherchant à garder un espace identifié dans la durée.
  • Indépendants dont la majorité des rendez-vous se passent sur site ou en ligne, nécessitant un cadre professionnel pour recevoir des clients.

Certaines structures hybrident les deux : bureau fermé partagé + accès open space pour les invités ou les jours de workshop, à l’image de La Thune à Chêne-Bourg qui combine plateaux fermés et grandes tables communes selon les jours.

Des services sur-mesure : ce qui fait (vraiment) la différence

Au-delà des murs, c’est l’offre de services qui scelle l’expérience. Les espaces en open space jouent la carte :

  • Des animations régulières : ateliers thématiques, petits déjeuners networking, séances de créativité, yoga du vendredi…
  • Accès à des “boîtes à outils” : imprimante, cabine téléphonique, box colis, espace détente, bibliothèque partagée.
  • Accueil mutualisé : réception du courrier, gestion des visiteurs, gestion de la connexion Internet et de la sécurité informatique (VPN, codes Wi-Fi renouvelés régulièrement…)

Dans les bureaux partagés, on trouve :

  • L’accès à des salles de réunion réservables à l’avance.
  • La possibilité de personnaliser son lieu (affichage, aménagement de bureau…)
  • La domiciliation d’entreprise, souvent comprise dans l’offre.
  • Des services sur-mesure pour les équipes : accès sécurisé 24h/24, parking, stockage, service de ménage réservé aux bureaux fermés.

L’écart se creuse donc autour de la notion de “village professionnel ” côté open space, contre “hôtel de bureaux à la carte ” côté bureaux partagés.

Focus local : comment la région d’Annemasse s’approprie ces modèles

À Annemasse et dans le Genevois français, cette diversité se traduit par des lieux engagés. À Alter’Incub, l’open space est choisi pour faciliter la porosité entre projets de l’ESS et entreprises classiques ; à Coworking Evian, bureaux partagés et privatifs séduisent des travailleurs internationaux venus pour la saison thermale ou les missions courtes.

L’étude de la communauté d’agglomération Annemasse Agglo (2022) relève que 72 % des utilisateurs de tiers-lieux y recherchent une “nouvelle façon de travailler” avant même la question des coûts, signe d’un marché encore ouvert à l’innovation. Par ailleurs, la croissance de la demande en petits bureaux privatifs s’est nettement accélérée depuis la pandémie : 38 % des utilisateurs déclarent ainsi vouloir “conjuguer vie d’équipe et moments de repli”, phénomène accentué chez les frontaliers lassés des trajets quotidiens vers Genève.

Les opérateurs locaux innovent : à l’image du Forum Tiers-Lieux 2023 de Clermont-Ferrand, des workshops associant municipalité, promoteurs immobiliers et utilisateurs voient le jour pour co-construire l’offre future, plus hybride et sur-mesure.

Pistes pour se repérer dans ce paysage en mutation

  1. Lister ses priorités : privilégier la confidentialité ? le réseautage ? les coûts ? la localisation ? les services annexes ?
  2. Visiter différents espaces pour tester l’ambiance et le niveau sonore réel.
  3. Consulter les offres en ligne mais aussi interroger le bouche-à-oreille local : les réseaux locaux, groupes Facebook régionaux (Télétravailler à Genève / Annemasse) sont riches en retours d’expérience.
  4. S’informer sur la gestion des accès et la liberté de personnalisation du poste de travail.
  5. Ne pas hésiter à mixer les offres : de nombreux espaces proposent des packs hybrides (open space 2 jours/semaine, bureau privatif 1 jour/semaine…)

Les espaces hybrides, prochain chapitre de la vie professionnelle ?

Loin d’être figée, la frontière entre open space et bureaux partagés se brouille au fil des mois. Les enjeux d’écologie, de soin des mobilités et de qualité de vie nourrissent la recherche de solutions “à la carte”. Pour les actifs du Grand Genève comme pour ceux installés entre lac et montagnes, ces nouveaux espaces sont autant d’opportunités de travailler autrement — plus efficacement, mais aussi avec plus de plaisir et d’ancrage dans la vie locale.

Pour aller plus loin :

  • Le réseau national des tiers-lieux (ressources et cartographie des espaces en France)
  • Baromètres France Coworking 2023 (données et tendances du secteur)
  • Retours d’usagers et comparatifs sur BureauxÀPartager.com et Workin.Space

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