Coworking côté français du Léman : Où s’installer pour travailler entre lac et montagnes ?

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11 septembre 2025

Le coworking autour du Lac Léman : entre territoire transfrontalier et dynamiques locales

De Genève à Lausanne, le lac Léman incarne depuis toujours un carrefour d’idées, d’ambitions et de mobilités. Mais côté français, de Thonon à Annemasse, loin de n’être que le « versant calme » du bassin lémanique, une effervescence s’observe autour des nouveaux modes de travail. Longtemps tournées vers Genève, les communes frontalières assument aujourd’hui leur identité propre en multipliant les lieux collaboratifs. 2024 marque d’ailleurs un tournant avec près d’une vingtaine d’espaces de coworking professionnalisés recensés sur la bande littorale et l’arrière-pays, sans compter les tiers-lieux, médiathèques et espaces associatifs ouverts sporadiquement au travail partagé (source : Réseau France Tiers-Lieux, étude 2023).

Que l’on soit indépendant venant du Grand Genève, salarié en télétravail, entrepreneur, ou simplement de passage entre lac et montagnes, l’offre côté français s’est diversifiée, portée par la croissance du télétravail (+33% entre 2019 et 2023 pour les résidents de Haute-Savoie selon l’INSEE), la volonté de désengorger les axes pendulaires, mais aussi par une dynamique entrepreneuriale propre à ce territoire de carrefours.

Une géographie du coworking du Léman français : zones, profils et enjeux

Qu’il s’agisse de s’affranchir des embouteillages du pont de la Douane à Genève, de stimuler son projet dans un esprit collectif, ou de retrouver une communauté professionnelle près de chez soi, choisir son coworking côté français du Léman répond à des besoins et des situations parfois bien différents. La géographie des lieux reflète à la fois les flux transfrontaliers et l’ancrage territorial.

  • Annemasse et sa périphérie : locomotive pour les travailleurs frontaliers (46% des actifs du bassin selon Grand Genève 2022), pole urbain le plus dense, offre unique de coworking « à la frontière ».
  • Thonon-les-Bains : centralité du Chablais, bassin orienté à la fois vers Lausanne (via la CGN et les navettes bateaux), et une clientèle locale diversifiée.
  • Évian-les-Bains : espace haut-de-gamme et projets hybrides tournés vers l’attractivité touristique, santé et bien-vivre.
  • Douvaine, Bons-en-Chablais, Sciez, Perrignier : lieux-passerelles, petites villes intermédiaires, coworking souvent « tiers-lieux » pluridisciplinaires, moteur d’initiatives pour l’entrepreneuriat rural ou périurbain.

Cette répartition n’est pas figée : le développement du réseau ferroviaire Léman Express, la structuration de pôles économiques (EcoQuartier Chablais Parc à Thonon, Parc Montessuit à Annemasse, etc.), et l’ambition politique de renforcer les centralités locales dessinent de nouvelles opportunités pour une offre de coworking plus polycentrique.

Tour d’horizon des principaux espaces de coworking sur la rive française du Léman

Annemasse : travailler à la frontière, l’atout de la mobilité

  • Le Paon Coworking : situé au cœur d’Annemasse (rue de Genève), Le Paon propose une atmosphère professionnelle, modulable de l’open-space à la salle de créativité, accessible aux télétravailleurs quotidiens comme aux passage-éclairs. Offre : 85 postes, 6 salles de réunion, abonnement flexible dès 20€ la demi-journée à 280€/mois. Un fort accent sur l’accompagnement de porteurs de projets (source : lepaoncoworking.fr).
  • Colab (Groupe Territoires) : adossé à la gare Léman Express, Colab joue la carte du coworking haut-de-gamme pour entreprises, professions internationales ou résidents du Genevois français. La flexibilité (bureaux nomades, privatisation, phone box, etc.) et l’écosystème d’évènements en font un choix clé pour créer du lien. Tarifs dès 250€/mois en flexible.
  • L’Atelier Numérique Annemasse Agglo : espace public et associatif, idéal pour démarrer sans contrainte financière, orienté inclusion numérique et animation de l’écosystème local. Animations gratuites, accès coworking sur inscription.

À noter : Annemasse concentre près de 300 postes de coworking pour une population active de 50 000 personnes, soit 1 poste pour 167 actifs (source : chiffres internes Annemasse Agglo 2023), témoignant d’une démocratisation rapide de ces espaces.

Thonon-les-Bains : entre bassin lémanique et centralité locale

  • L’Open Spot : premier coworking historique du centre-ville, animé par une équipe entrepreneuriale locale. Offre une soixantaine de places, bureaux fermés, salle de conférence, programme d’animation (petits déjeuners, afterworks). Tarifs dès 18€ la journée, 160€/mois en open space.
  • Chablais Coworking : dans la zone TechnoParc de Perrignier (axe Thonon-Genève), espace tourné vers les nouvelles technologies, idéal pour les start-ups, porteurs de projet tech et consultants. Lieu spacieux, très fonctionnel, avec ateliers et prototypage numérique.
  • Chablais Parc : espace hybride, intégré dans un ensemble commercial-urbain, qui accueille de nombreux indépendants, professions créatives ou même étudiants. Horaires étendus, tarifs attractifs.

Thonon se distingue par une forte mixité d’usages : près de 32% des coworkers viennent de communes voisines ou même de Lausanne (source : Chablais Eco, janvier 2024).

Évian-les-Bains : saveur internationale et qualité de vie

  • Le Hub d’Evian : ce coworking incarne le haut de gamme, tourné vers les métiers du bien-être, de l’innovation sociale et les digital nomads friands de la station thermale. Offre ultra flexible (à l’heure/journée/mois), bureaux fermés, rooftop et accès privilégié aux infrastructures sportives.
  • Espaces temporaires (CCI, Office de Tourisme) : Évian accueille également régulièrement des pop-up coworkings lors de salons ou événements, à surveiller pour les visiteurs réguliers.

À Évian, le coworking est aussi une question de saisonnalité : en été, la fréquentation triple, portée par l’arrivée de télétravailleurs suisses ou internationaux (source : Tourisme Évian 2023).

Douvaine, Sciez, Bons-en-Chablais : coworking rural et tiers-lieux créatifs

  • Tiers-Lieu la Station (Douvaine) : véritable laboratoire d’initiatives (coworking, formation, fablab, ateliers partagés), la Station attire autant des freelances que des artisans, avec une programmation culturelle et associative forte. Tarifs solidaires (paye-ce-que-tu-peux), accessible sans abonnement.
  • Le Labo de Bons : sur la commune de Bons-en-Chablais, ce tiers-lieu connecte petits entrepreneurs, maraîchers, designers et coachs sportifs – exemple de la complémentarité arts/tech/agriculture dans le coworking rural.
  • Agora Chablais (Sciez) : espace dynamique associant coworking, médiathèque, résidence d’artistes et ateliers numériques, animé par la communauté locale.

Dans ces zones périurbaines et rurales, les espaces de coworking sont aussi des lieux d’utilité sociale : 40% des utilisateurs y viennent pour rompre l’isolement ou co-construire des projets associatifs (Source : Enquête Chablais Tiers-Lieux, 2023).

Choisir son coworking entre lac et montagnes : quels critères ?

Face à la diversité de l’offre, il est essentiel de repérer celui qui s’adapte non seulement à son activité, mais aussi à ses besoins de mobilité, de réseaux et de bien-être :

  • Emplacement: proximité d’un arrêt Léman Express, accessibilité vélo, présence de parkings réservés, temps de trajet vers Genève ou Lausanne.
  • Ambiance: grandes structures professionnelles versus petites communautés locales, open-space vivant ou cocons individuels, orientation sectorielle (tech, social, créatif, artisans...)
  • Services et équipements: impression, cabines d’appel, douches, espaces détente, jardins ou terrasses (un critère souvent décisif l’été !).
  • Animation et réseaux: présence d’évènements, accompagnement à la création, accès aux ateliers, groupes thématiques (ex : Économie sociale à Douvaine, start-up à Thonon, développement durable à Annemasse...)
  • Tarifs et flexibilité: grande disparité mais en moyenne 15 à 30€ la journée, abonnements mensuels entre 120 et 350€, voire tarification solidaire dans les tiers-lieux associatifs (source : France Tiers-Lieux 2023).

Le coworking côté Léman : tendances et perspectives

Portés par l’essor post-covid du télétravail et les stratégies publiques (Appels à Projets Région Auvergne Rhône-Alpes, soutien CGET/France Relance, etc.), les espaces de coworking ont connu une croissance de +125% en cinq ans dans la région Haut-Savoyarde (Source : CCI Haute-Savoie, 2024).

Cette dynamique s’incarne aussi dans des innovations originales, telles que :

  • Le développement de « micro-hubs » dans les villages, accueillant événements professionnels et productions locales.
  • L’intégration croissante du coworking dans les structures publiques (médiathèques, salles polyvalentes, équipements sportifs).
  • Des expériences « nomades » : navires de la CGN entre Lausanne et Évian proposant du wifi et des espaces de réunion temporaire, ou pop-up coworking sur la plage en été à Thonon !

Côté usagers, on note une féminisation marquée (près de 54% des coworkers sont aujourd’hui des femmes en Haute-Savoie contre 36% en 2017, d’après la CCI), une attention grandissante à l’équilibre vie pro/vie perso, et le succès des « communautés hybrides » alliant entrepreneurs, artisans, artistes et acteurs de la transition écologique.

Enfin, la frontière avec la Suisse, longtemps vecteur de fuite des talents, devient pour la première fois un moteur de coopération : le projet Interreg « Coworking Léman Transfrontalier » (piloté par le Pôle Métropolitain du Genevois Français, 2022-2024) vise à développer des passerelles entre lieux côté français et côté suisse, avec davantage de « carnet de coworker » et d’accompagnement à la création.

Vers un archipel du coworking lémanique

Le coworking est devenu, sur la rive française du Léman, une « archipel » d’initiatives qui répondent à la fois à la proximité de Genève, à l’ancrage local et au désir croissant de liens professionnels ancrés dans le territoire. Que l’on cherche un ancrage quotidien, un point de chute ponctuel pour télétravailler face au lac, ou une communauté où partager et s’inspirer, chaque espace incarne un morceau du paysage lémanique en mouvement.

À l’heure où la déconnexion avec le terrain reste le plus grand risque du travail dit « nomade », ces lieux constituent une forme d’enracinement inédit, un pont entre mobilité, appartenance et innovation. Ce n’est qu’un début : l’essor du coworking ici dessine une autre façon d’habiter et de travailler la frontière — en faisant du Léman, bien plus qu’une ligne, un trait d’union.

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